Arthur Kar, concessionnaire automobile de luxe
Rencontre avec un collectionneur de voitures qui a fait de son métier une forme d’art
- Entrevue: Evie Bear
- Images gracieusement fournies par: L'Art de l'Automobile/Joshua Woods
- Modèle: Giedre Dukauskaite

Il y a un peu plus d'un an, SSENSE a interviewé Arthur Kar, le concessionnaire préféré des adeptes de mode et de voitures vintage rares. Kar avait alors révélé qu’il envisageait de produire sa propre collection de vêtements. Aujourd'hui, SSENSE est fière de lancer la marque KAR/L'Art de l'Automobile avec une sélection de vêtements pour hommes et pour femmes, dont un t-shirt exclusif à SSENSE et un objet pour le moins spécial : une Ferrari 308 GTB blanche 1978 impeccablement restaurée. Lisez notre entrevue avec Kar, puis découvrez sa collection dès maintenant.

Celui qu’on voit régulièrement frayer avec l’élite des rappeurs, des designers et des artistes pourrait facilement passer pour un des leurs. Mais quand on découvre qu’Arthur Kar est plutôt un collectionneur de voitures et un concessionnaire ayant lancé sa propre compagnie, L’Art de l’automobile, une aura de mystère l’enveloppe soudainement. Arthur n’a définitivement rien à voir avec les autres concessionnaires de voitures d’occasion que vous avez pu croiser jusqu’ici.
De passage à Paris avec mon amoureux dans le cadre de la Fashion Week, j’ai invité Arthur et sa copine, la mannequin Giedre Dukauskaite, à nous rejoindre dans le Marais pour le déjeuner. C’est avec un enthousiasme communicatif qu’ils se sont empressés de commander pour nous, déclarant que les sardines de l’endroit étaient tout simplement divines. La passion d’Arthur pour les plaisirs de la table est de toute évidence proportionnelle à sa passion des voitures, et – semble-t-il – de toute chose. C’est un homme qui sait apprécier tout ce qu’il a, car il a bûché incroyablement fort pour l’obtenir. Tandis que nous remontons le fil de la vie d’Arthur, de ses humbles débuts – alors qu’à 16 ans à peine, il lavait des voitures et rafistolait des moteurs de Porsche – au lancement prochain de sa nouvelle collection de vêtements, Gierdre intervient pour ponctuer le tout de détails précieux que seule une femme en amour peut apporter. « En fait, Arthur aime tout ce qui est rare. Les chaussures rares, les voitures rares, les vêtements rares, les couleurs rares, les meubles rares. » Et Arthur de claironner : « Les personnes rares! »

En vedette dans cette image : KAR / L'Art de l'Automobile t-shirt exlusif «ESSENSE»

En vedette dans cette image : Ferrari 308 GTB 1978
Evie Bear
Arthur Kar
Comment fait-on pour être embauché chez Porsche à 16 ans?
J’ai obtenu cet emploi à force de persévérance. J’ai rendu visite au propriétaire du garage à Paris six fois en un mois, en lui répétant chaque fois : « Je veux travailler pour vous! Je veux travailler pour vous! Je veux travailler pour vous! » J’ai continué jusqu’à ce qu’il m’offre le boulot. J’ai travaillé pour Porsche pendant 4 ans, puis à l’âge de 20 ans, j’ai tiré ma révérence parce que j’ai réalisé que je voulais posséder mes propres voitures, et que je n’y arriverais pas si je continuais en tant que mécanicien. J’ai donc démissionné et j’ai commencé à acheter des autos et à les revendre, petit à petit.
Tu as fait ce qu’il fallait faire, et on peut dire que ça a porté fruit.
Tu sais, avoir 16 ans et laver ces voitures, c’était pas mal du tout. Je suis resté le même gars. J’ai autant de respect pour le type qui change les pneus et l’huile ou qui lave la voiture que pour celui qui vend ou qui conduit le plus beau bolide du monde. Ces gens sont tous unis par une même passion et, fondamentalement, ils travaillent tous pour celle-ci.
« J’ai autant de respect pour le type qui change les pneus et l’huile ou qui lave la voiture que pour celui qui vend ou qui conduit le plus beau bolide du monde. »
Quelle était la première voiture que tu as achetée?
Ma première voiture était une petite City Smart, mais c’était une édition Brabus exclusive, plus puissante et stylée que le modèle standard. Mais bon, même si je lui ai donné un look sport, ça demeurait une petite Smart un peu bizarre!
Et quelle fut ta première voiture de luxe?
Une Porsche Turbo 996 noire. La Porsche faisait partie de ma liste de voitures de rêve, mais je cherchais surtout à acquérir ma première grosse voiture. Ça aurait pu être n’importe quelle voiture classique cool. Je savais seulement que mon but était de revendre les plus belles voitures au monde, donc si j’avais eu l’occasion d’acheter la Golf GTI – que je possède aujourd’hui – plutôt que la Porsche, je l’aurais fait. J’ai gardé la Porsche pendant deux mois, puis je l’ai vendue pour en acheter une autre.
C’est donc ainsi que tout a commencé?
Ça a été le début, oui. Après avoir quitté Porsche, je travaillais encore pour quelqu’un d’autre. J’ai tenté d’ouvrir mon univers autant que possible à mon patron pour qu’il puisse mieux me comprendre, et saisir mes motivations, mais il ne m’a jamais vraiment compris comme je l’aurais souhaité. J’ai réalisé que je devais lancer ma propre entreprise. La passion des voitures coule dans mes veines. Ce n’est pas mon travail, c’est ma vie. C’est aussi un monde qui a plusieurs facettes, et où l’art, la culture et la mode jouent un rôle de premier plan.
Est-ce ce qui a inspiré le nom de ta compagnie, L’Art de l’automobile – un clin d’œil à tout ce qui entoure de près ou de loin les voitures?
Exactement. Le nom fait référence à trois choses : Arthur – mon nom –, les automobiles et l’art. À mes yeux, les voitures sont une forme d’art, et les gens devraient les regarder de la même façon qu’ils admirent une œuvre ou collaborent à la créer.


En vedette dans cette image : Ferrari 308 GTB 1978
Ton style personnel semble surtout répondre à un désir de soutenir tes amis et de prôner l’originalité. Quelle importance accordes-tu à la mode dans tout ça?
Fashion Week ou pas, j’essaie de trouver le temps de visiter les boutiques et les studios de mode de mes amis pour faire des trouvailles signées par mes designers préférés, parce que ces marques font partie de ma culture. J’ai découvert de nombreux artistes, designers et démarches créatives en prenant le temps d’apprécier et de comprendre la mode. C’est un art qui m’inspire à vouloir faire évoluer l’univers des voitures pour faire rayonner son potentiel expressif. La culture automobile peut être très créative, tout comme la mode.
Dirais-tu que les voitures sont le principal médium à travers lequel tu t’exprimes?
Tout à fait, et c’est la raison pourquoi j’ai décidé de lancer ma nouvelle collection de vêtements. Je n’essaie pas d’être différent ou de me prendre pour un designer. Je cherche simplement à fusionner tout ce que j’aime à propos des voitures : les couleurs, les logos, etc. C’est ma façon de réunir ces deux sphères. J’ai ressenti le besoin de créer cette collection parce que je crois sincèrement que la culture et les voitures devraient aller de pair.
« J’aurais tellement aimé que Jeanneret dessine des sièges de voiture. Il aurait fallu y penser avant que toutes les lois sur la sécurité entrent en ligne de compte. »
Quel est ton éthos en matière de style?
Le même que dans ma vie : ça doit être simple, et ça doit être fun. Même si j’adore les voitures, je ne passe pas tout mon temps à en faire une obsession. Sinon, je n’aurais jamais su qui était Michael Jordan, ou Notorious B.I.G. ou Nas! Je ne passe pas tellement de temps à penser à ce que je vais porter, mais ça m’arrive d’agencer mon humeur du jour à ma voiture – inconsciemment ou pour plaisanter. J’aime bien porter mes vieilles Vans blanches pour conduire ma vieille voiture blanche. J’ai vraiment l’impression de faire un voyage dans le temps. Ça peut aussi être cool de porter les dernières Yeezys quand tu viens de faire installer des pneus tout neufs sur ta voiture. Ce que je préfère, ce sont les t-shirts avec des logos de restaurants. Si on y mange bien et que le resto fait imprimer son logo sur un t-shirt, alors ce t-shirt devrait être bon aussi. Chaque fois que je vais manger quelque part avec ma copine ou mes amis et qu’on aime ce qu’on nous sert, on essaie d’acheter un t-shirt de l’endroit.
Le design semble avoir une grande influence sur ta vision des choses. J’imagine que ça a à voir avec le fait d’être constamment entouré de voitures rares et classiques. Mais tu as aussi apporté une chaise Jeanneret pour la séance photo. Quelle est la corrélation entre tout ça?
Je suis obsédé par les meubles, tout particulièrement par les designers français : Le Corbusier, Jeanneret, Prouvé… Il y a plusieurs artistes impliqués à chaque étape de la construction d’une voiture; des gens de mon âge – ou encore plus jeunes – qui se lèvent chaque matin pour aller fabriquer les sièges des voitures sport ou de luxe. Mais moi, c’est Pierre Jeanneret que j’imagine en train de créer les sièges de toutes ces belles voitures. J’ai mis la chaise à côté de la Ferrari 308 pour prétendre – à la blague – que je la conduis assis dans un siège Jeanneret. J’aurais tellement aimé que Jeanneret dessine des sièges de voiture. Il aurait fallu y penser avant que toutes les lois sur la sécurité entrent en ligne de compte.
Giedre Dukauskaite: Conduire est sa deuxième plus grande passion. Il suffit d’avoir été assis du côté passager pour le constater!
Yes! For me, there is nothing better than driving a car. Any one. Even if she does not look good, it's still cool to drive her. And I like speed. Before, I was running for fun. But the police found me a little less funny ...

En vedette dans cette image : Ferrari 308 GTB 1978
- Entrevue: Evie Bear
- Images gracieusement fournies par: L'Art de l'Automobile/Joshua Woods
- Modèle: Giedre Dukauskaite